Mulhouse, 23 janvier 2018, la demande d’asile de Louise et de sa famille est rejetée.

C’est à ce moment que je fais la série photographique Blues in Mulhouse, qui montre le quotidien de la famille. Dans leur vie au passé mouvementé, il s’agit d’un moment particulier, teinté de lassitude et de découragement. Toutefois, c’est un moment où je suis marquée par la force tranquille de Louise, qui continue à avoir foi en l’avenir et à croire que tout peut s’arranger.


Contexte:

Vingt ans, plus tôt, à la chute de Mobutu, Louise a tout quitté : son pays, (la République Démocratique du Congo), sa famille, son travail, pour suivre son mari, militaire du régime renversé.

Ils ont vécu dans plusieurs pays africains, notamment en Lybie où ils ont eu pendant plusieurs années une bonne situation : Louise tenait un restaurant, son mari Serge était garagiste. De nouveau, ils doivent tout abandonner au moment des conflits.

En 2012, ils embarquent sur un canot de fortune pour traverser la Méditerranée et sont recueillis par des gardes côtes sur l’île de Pantelleria, au sud de l’Italie.

Peu de temps après, Louise tombe enceinte. Naît la petite Rossellina. Serge travaille un peu au noir, mais cela ne suffit pas à couvrir les besoins de la famille. Ils se retrouvent à la rue et décident alors de partir pour rejoindre l’Angleterre où ils ont des attaches.

Ils resteront bloqués à Calais où ils vivront pendant six mois dans une tente jusqu’au démantèlement de la jungle.

En octobre 2016, ils montent dans un car qui les emmène dans un CADA*, près d’Allex, un petit village drômois, où ils vivent très isolés. Ils entament une longue procédure pour obtenir l’asile en France. Puis, neuf mois plus tard, ils sont de nouveau transférés, cette fois à Mulhouse.

Ne serait-ce l’incertitude du lendemain, leur nouvelle vie leur plaît. Ils sont moins reclus : Rossellina peut aller à l’école, Louise suit des cours de couture dans une association.

Lorsqu’ils reçoivent la lettre de rejet, la famille semble gagnée par l’abattement. Mais ils continuent à espérer des jours meilleurs.

Janvier 2018 … Blues in Mulhouse 

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